Ce livre est le second tome du dyptique La machine, par Katia Lanero Zamora

Deux ans après la sortie du premier tome, ActuSF nous propose la suite de La machine par Katia Lanero Zamora. Le premier tome était une vraie réussite, une histoire de conflit sociale et de révolution bien construite, avec des personnages développés et très touchants. J’espérais évidemment que sa suite serait du même acabit, et bordel de merde, j’étais loin du compte.

La guerre est lancée, le coup d’état militaire en cours compte bien écraser la révolte ouvrière qui secoue Panîm. Deux ans après le début du conflit, les frères Cabayol se retrouvent dans les camps opposés et se sont perdus de vue. Andrès lutte du côté de La machine pour les droits des ouvriers et mineurs, tandis que Vian grimpe les échelons de l’armée qui progresse pour reprendre le pays des mains de la toute jeune république.

Katia Lanero Zamora nous happe encore une fois grâce à la construction exemplaire de son récit et surtout de ses personnages, touchants, humains, petites gouttes dans un océan déchaîné. Nos deux protagonistes sont dans deux camps opposés de ce conflit, mais on comprend parfaitement chacun des parcours qui les a amenés là où ils sont. Avec l’aide de chapitres flashback, on les cerne et on sent ce qui les a orienté et conditionné, enfermé et libéré. Andrès est l’aîné rebelle, toujours en opposition face à l’autorité injuste, à traîner au village plutôt qu’avec sa famille de bourgeois. Vian est le fils modèle, l’espoir de la famille sur lequel on fait peser pas mal de choses, mais qui doit rentrer dans le moule pour cacher son secret. C’est impressionnant, la facilité avec laquelle on s’attache à ces deux-là, on les comprend, on les aime et on appréhende la tragédie qui se met en place sous nos yeux.

On arrive à saisir les enjeux et les subtilités de ce conflit inspiré de la guerre d’Espagne. Cette situation politique complexe nous est présentée de manière limpide, on saisit les enjeux, les injustices, le contexte, et ça c’est aussi très fort parce que la situation est pas simple, mais on en capte les subtilités, les forces en présence et pourquoi les uns et les autres iraient dans un camp ou l’autre. Ce n’est pas un récit guerrier à proprement parler, on a pas énormément de badaboum, c’est l’histoire de gens au cœur d’un conflit qui se battent pour défendre ou protéger leurs idées, leur famille, leurs convictions, leurs amis. Pourtant, faut avouer que lire ce roman dans le contexte politique et social actuel, une histoire de travailleurs et de syndicats révoltés, écrasés par l’autoritarisme illégitime de quelques bourgeois, comment vous dire… Ben ça résonne un peu.

Et au fil du roman on voit les choses se mettre en place, l’échiquier évolue et évidemment nous allons droit dans le tragique parce que c’est pas non plus la fête. La montée en tension, l’inéluctabilité d’un dénouement qu’on commence à sentir arriver, la force de cette tragédie qui gagne en puissance et paf. Déchirement, drame sur drame, force des sentiments humains, talent de l’autrice, tout ça nous amène vers une conclusion magistrale et bouleversante, épique et intime, un dénouement exceptionnellement fort qui taille dans les lectrices et lecteurs pour nous arracher quelques larmes et nous faire fermer le livre, overdose d’émotions.

La machine est magistral, ce tome 2 élève encore le niveau et la force de ce diptyque déjà remarquable dans sa première partie. Des trajectoires humaines dans une guerre civile qui dépasse tout le monde, dont tout le monde est victime, c’est très touchant et malheureusement bien trop proche de nous aujourd’hui. Mais jetez-vous donc dessus, qu’attendez-vous ?

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Couverture : Zariel
Éditeur : ActuSF
Nombre de pages : 392
Date de sortie : 22 Mars 2023
Prix : 20,90€ (broché) / 9,99€ (numérique)