Kraken est le premier roman de China Miéville que je lis, et il a été encensé par plusieurs critiques donc je suis parti tout confiant dans cette aventure racontant la plongée dans un Londres underground étrange de Billy, conservateur au musée d’histoires naturelles à qui on a dérobé mystérieusement un calmar géant de 8 mètres. Le pauvre va être embarqué dans une aventure à base de secte d’adorateurs de Kraken, de personnages bizarres énigmatiques, de surnaturel urbain bien tordu.
Le principe un peu barré m’a fait rire, et j’étais curieux de découvrir vers quoi tout ça allait nous emmener. En cours de lecture on pense beaucoup à Neil Gaiman, la plongée dans un monde surnaturel contemporain qui vivrait en parallèle du notre, les dialogues un peu foufous, les personnages loufoques hauts en couleurs (Goss et Suby rappellent énormément Valdemar et son comparse de Neverwhere)… Mais mon soucis principal c’est que l’histoire est vraiment difficile à suivre parce que l’auteur s’éclate à faire des blagues, des allusions, des références tous les paragraphes, il y a des digressions à n’en plus finir à tel point que sur une seule page, je revenais plusieurs fois au début de mes phrases pour arriver à suivre quelque chose.
Là où Gaiman nous promène dans son univers avec facilité et légèreté, Miéville nous jette dedans la tête la première roulé en boule dans un sac poubelle en rigolant devant notre dégringolade absurde, et ça devient vite lourd et exténuant. Le vocabulaire est aussi vraiment alambiqué, histoire de rajouter un peu de beurre dans notre verre d’huile, l’auteur (ou le traducteur ?) nous assène des mots compliqués ou inventés à tout bout de champ.
Tout est raconté à coup de phrases courtes, énigmatiques, et prend un malin plaisir à perdre le lecteur et à ne pas dire ce qu’on cherche à savoir. Les dialogues abusent du procédé qui consiste à parler de trucs qu’on ne peut comprendre à ce moment du récit, à faire des allusions obscures entre deux personnages pour appuyer le fait que le héros ne comprend pas ce qui se passe. Ça fait « mystère » à petites doses, mais autant utilisé ça fait juste mal au crâne.
Je constate également un défaut que j’avais déjà pointé du doigt chez Gaiman, le héros qui ne sert que de véhicule au lecteur pour découvrir l’univers, mais n’accomplit pas grand chose, il subit tout et ne fait rien, et en devient finalement transparent à regarder tout ce qui se passe le cul sur sa chaise avec des yeux ronds.
Si ce genre de récit ne vous fait pas peur, le fond de l’histoire est fun et je pense que ceux qui ont apprécié le livre ont su s’en accommoder, voire aimer le style tordu de l’écriture. Pour moi c’est pas passé (et je suis pas le seul), au point que j’ai refermé le livre à la moitié, épuisé et n’ayant aucune envie de reprendre la lecture.