La Compagnie Noire n’est plus, ou presque. Après le carnage des Livres du nord (attention ça va sûrement spoiler les tomes précédents, obviously) ils ne sont plus que sept sous le commandement d’un Toubib qui se serait bien passé de la nouvelle responsabilité. Il est temps pour eux de partir, de revenir aux origines de la Compagnie, à Khatovar, cap au sud.
C’est donc une mini-Compagnie qui prend la route. Otto, Hagop, Madame, Murgen, Toubib et les inénarrables sorciers Gobelin et Qu’un œil font route vers la cité d’origine des compagnies franches. En chemin, la troupe va se remplumer en recrutant pas mal de monde, aidée par sa réputation centenaire. La joyeuse bande va visiter des contrées que leurs prédécesseurs avaient déjà traversées en sens inverse des centaines d’années auparavant, et apparemment ils ont laissé des souvenirs aux locaux. Seul problème : aucune trace de ces histoires dans les annales de Toubib, qui ne vont pas si loin dans le passé. C’est donc en aveugle que nos « héros » avancent et ils finissent par tomber sur un obstacle de taille : Les maîtres d’ombres règnent sur le pays qu’ils doivent traverser, et ils ont l’air très intéressés par la Compagnie Noire.
C’est un plaisir de retrouver Toubib et ses compagnons (enfin, ceux qui restent). Les mages se foutent toujours sur la gueule pour un oui ou pour un non, les relations entre les vétérans sont très divertissantes, oscillant entre la confiance aveugle, la méfiance, la complicité, l’incompréhension. L’analyste est soumis à rude épreuve, son baptême du feu en tant que Capitaine lui met la pression et il fait de son mieux pour pas faire de connerie. Et pour pimenter le tout, sa relation compliquée avec Madame (anciennement La Dame) lui occupe un peu l’esprit.
Dans ce 4e tome des annales (si on compte pas La pointe d’argent), Glen Cook nous fait voir du pays. Ces nouvelles contrées exotiques plongent la Compagnie dans l’inconnu, ils ne connaissent ni la langue, ni la situation politique de ces régions et doivent reformer un semblant d’armée cohérente. C’est donc l’occasion de rencontrer les nouvelles recrues qui restent finalement assez en retrait mais ne manquent pas d’intérêt pour autant. Le génie Crapaud sera crucial pour le renseignement et les Nars recrutés en chemin seront des soldats de choix. Contrairement à la première trilogie, Toubib est vraiment le centre d’attention du récit et on reste centré sur lui, il n’est plus le témoin mais le stratège. Les autres personnages apparaissent finalement comme des pions sur son échiquier. A part Madame et les deux sorciers qui font toujours les pitres, on s’attache moins au reste de la bande, on perd ce sentiment d’appartenance à une grande famille qu’on pouvait avoir avant.
Encore une fois, l’auteur nous livre une aventure dont le rythme peut surprendre, il ne suit aucune structure classique apparente et fait un peu comme il veut. Les trois premiers quarts du livre sont calmes, des dialogues, des intrigues, des messes basses et du crapahutage. On scrute, on complote, on se méfie et on fait profil bas. L’action est rare mais la tension et le suspense suffisent à tenir le lecteur, en plus du côté fun des dialogues et de l’écriture de Cook en général. En effet, le récit à la première personne présenté par Toubib a toujours ce ton rigolard et ces petites vannes qui nous attachent à cet univers et cette bande atypique. Il y a quand même une certaine confusion dans la construction qui rappelle le démarrage de la saga, quand on comprenait pas grand chose, mais on s’y retrouve finalement assez bien.
L’arrivée à Taglios sera l’occasion de démêler les intrigues politiques et de savoir qui roule pour qui, alors que les locaux ont l’air de cacher pas mal de choses. Toubib avance au jugé, il va devoir s’affirmer en tant que chef pour mener l’histoire vers une grosse baston qui vient clore ce tome en apothéose. On retrouve dans les cent dernières pages tout ce qui fait le sel des scènes de combats de la première trilogie : Des champs de bataille immenses où chaque armée a son lot de sorcier hyper-puissants dans ses rangs, qui vont faire dans la pyrotechnie pas bien subtile. Ça y’est, ça castagne et ça propulse le lecteur vers un final vraiment monstrueux, quel petit sournois ce Glen.
Un épisode au rythme pépère qui permet à la Compagnie Noire de se refaire tranquillement avant un final explosif comme on aime, des nouvelles têtes, des bonnes surprises, et toujours cette ambiance bien particulière à la série. On peine à retrouver le feeling du début de la saga mais arrivé à la conclusion on en redemande.
Lire aussi l’avis de : Boudicca (Le bibliocosme), Magna Dorner (actusf),
J’avais arrêté après les trois livres du nord, qui m’avaient donné beaucoup de plaisir. Il faudrait que je reprenne, mais j’ai un peu oublié l’intrigue de ces trois premiers volumes… Il faudrait que je trouve un bon résumé, je vais aller faire un tour sur Wikipédia… 😉
Ouais, faudrait généraliser les résumés de tous les romans sur wikipedia, les poissons rouges chroniques comme moi apprécieront