L’académie de l’éther est le début de la nouvelle Uchronie signée Johan Heliot, Grand Siècle. Il parait que c’est une bonne chose mais comme j’ai pas lu sa trilogie de la lune, j’peux pas vous dire. En tous cas, la quatrième de couverture fait son petit effet en promettant une révolution scientifique à la cour du roi Soleil, mêlant mousquetaires, penseurs, paysans et cour des miracles.
Le lecteur suivra plusieurs points de vue, tout d’abord celui des enfants Caron, fils et filles de paysans qui débarquent à Paris pour survivre après le décès du paternel. En parallèle, le roman nous raconte comment le Lieutenant de frégate Baptiste Rochet se présente à la cour du roi Louis XIV avec une sphère mystérieuse qu’il a trouvée en mer et qui présente bien des secrets. Tout se petit monde va se croiser dans une improbable histoire de révolution technologique dans cette époque d’intrigues et de prout-prout royaux, poussée par un souverain soudain tout illuminé, épaulé par le génie scientifique Blaise Pascal. Le roman se lit très rapidement car il est assez court (300 pages bien étalées), le rythme est très bien géré et l’alternance des points de vue nous pousse à aller de l’avant.
La plongée dans ce XVIIe siècle est très immersive, l’auteur nous fait explorer plusieurs classes de la société, de la cour du roi à celle des miracles, en détaillant le contexte social et politique de manière claire et agréable. Le côté historique est très plaisant, ça nous plonge dans l’époque, on croise beaucoup de noms connus même si justement… Il y en a tellement que ça frise parfois l’overdose de name-dropping. L’évènement divergent qui fait basculer tout ça dans l’uchronie est cette sphère mystérieuse qui va précipiter l’avancée scientifique et technologique de toute une époque. J’étais vraiment plongé dans cette ambiance. Tous les personnages se répondent de manière cohérente et forment une galerie intéressante à découvrir. Johan Heliot utilise le langage qui va bien avec le contexte, avec quelques termes désuets et des expressions ampoulées, surtout à la cour de Louis XIV (non, ça ne plaira pas à tout le monde !).
J’aurai été complètement conquis s’il n’y avait pas eu un petit hic au milieu de tout ça : J’adhère pas du tout à ces petits chapitres complètement SF qui trainent et m’ont sorti de l’ambiance. Au milieu de l’alternance des personnages de l’époque, on a des interventions du point de vue d’une entité « alien » (UEC pour « unité d’exploration conscientisée ») qui pour moi cassent complètement l’immersion et part un peu trop dans le « perché ». En y repensant, si j’avais sauté ces passage en mode « rien à foutre », je pense que le livre n’en aurait été que meilleur : Plus de mystère, plus de cohérence, une immersion intacte. C’est peut-être une attente mal placée (cet aspect n’est mentionné nulle part dans la promo ou l’accroche du livre), mais c’était vraiment perturbant. J’ai un peu peur que cet aspect SF prenne plus d’importance dans la suite de la saga, ce qui n’est pas trop à mon goût, nous verrons bien.
Malgré ça, tout le reste de ce premier livre est vraiment accrocheur. L’auteur explore la question de l’éthique scientifique parce qu’évidemment, qui dit révolution technologique dit « de grosses armes qui font tout péter », ce qui servira en ces temps de révolte. La source d’énergie exploitée ici est le magnétisme terrestre qu’ils appellent l’effluve, grosso modo c’est de l’électricité même si l’auteur ne creuse pas vraiment son fonctionnement dans les détails donc ça apparait un peu comme de la magie. Apparemment on frotte des cailloux et ça fait des éclairs. Les férus de science seront peut-être déçus de ce manque de détails mais je préfère ça à dix pages d’explications foireuses sur les champs magnétiques, j’ai déjà donné à l’école, merci.
L’académie de l’éther est une bonne entrée en matière pour cette uchronie à l’époque du roi Soleil, mêlant les drames familiaux des Caron à une révolution technologique majeure. J’ai hâte d’en découvrir la suite, tout en espérant qu’elle garde quand même les pieds un peu sur Terre…
Bouquin reçu en Service Presse de la part de l’éditeur, merci à eux
Lire aussi les avis de : Le comptoir de l’écureuil, Boudicca (Le Bibliocosme),
Ça marche un peu dans les pas de Stéphane Przybylski, l’uchronie remplaçant l’Histoire secrète et le XVIIe remplaçant la Seconde Guerre mondiale, d’après ce que tu décris.
J’ai pas encore lu Przybylski donc je peux pas dire, mais je viens de prendre le bouquin audio donc je saurai sous peu 🙂
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Cet aspect SF qui t’a perturbé me freine aussi alors que je trouve le livre beau et le pitch intéressant. Je vais attendre la suite avant de me lancer. Liras-tu le tome 2 ?
Je ne sais pas si je lirai le second, j’attendrai peut-etre d’en savoir plus sur son orientation (surtout par rapport à cette SF)
Ahhhh! OK. C’est logique par rapport à ton ressenti. 😉
Je ne connais que Johan Heliot en jeunesse, mais les morceaux de Sf comme ça, ça m’intrigue !
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