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Face au dragon, Complexe adolescence

Isabelle Bauthian s’est lancée dans une sacrée aventure avec Projets Sillex, un nouvel éditeur qui souhaite donner plus de pourcentage à ses auteurs en taillant un peu dans les innombrables trucs qui parsèment la chaine du livre. Pour ça, ils ont lancé une campagne de financement participatif avec Face au dragon. Et devinez quoi ? Ils ont réussi.

Face au dragon est donc une réalité ! Et je m’en vais vous dire ce que j’en ai pensé ! Merveilleux ! Dame Bauthian nous raconte donc les aventures de Poly, 17 ans, pataude, complexée, pas beaucoup d’amis… Une adolescente quoi… La jeune fille perd patience face à une emmerdeuse et, pour la première fois de sa vie, décoche une jolie baffe. Elle part en courant pour broyer du noir tranquillement dans la forêt (une adolescente quoi…) quand tout d’un coup, abracadabra, elle se retrouve dans un endroit inconnu. Voilà qu’elle va devoir apprendre à survivre avec des compagnons d’infortune sur une île mystérieuse avec des bestioles qui mordent, des artefacts mystérieux et un dragon un peu énervé. Et il faudra trouver un moyen de rentrer.

L’autrice part sur un schéma très classique, voire un peu désuet : L’adolescente limite asociale qui se fait un peu martyriser et tombe dans un univers parallèle pour se découvrir, ça fait old-school sans être désagréable. Puis l’île mystérieuse en question est assez intrigante pour pousser le lecteur à rester accroché, on sait pas trop ce que c’est, on découvre en même temps que Poly. Elle va devoir relever des défis et se liera d’amitié avec 4 autres jeunes gens qui sont là depuis bien plus longtemps qu’elle.

Une grosse partie de l’histoire va se reposer sur les interactions de ces aventuriers, qui se sont petit à petit construit une vie de Robinson. Face au dragon est un roman vraiment axé sur ses personnages et leur vie ensemble, ces cinq là sont vraiment attachants et bien en place. On a Simon le dragueur sympatoche, Nigel l’explorateur renfrogné, Ménine la castagneuse et Olri le chevalier chevaleresque. Et dernier « détail » rigolo : ils viennent tous d’une époque différente et ont débarqué chacun dans des circonstances qu’on découvrira. Ce décalage permettra d’aborder toutes sortes de sujets sociaux en confrontant les points de vue des protagonistes. On va aborder des thèmes bien sérieux mais avec cette force de l’adolescence qui se confronte à tout ça d’un regard presque neuf et se construit sa réflexion tout seul malgré les préconceptions qu’on lui a infusé dans le ciboulot. Cet aspect est très juste, très réussi.

J’ai déjà abordé le sujet du « Young Adult » ici, en défendant le point de vue qu’un bon roman sera bon qu’on soit ado ou adulte. Pourtant j’ai été confronté à quelque chose que j’avais pas vu venir : Pendant une bonne moitié de ma lecture, j’ai pensé effectivement que Face au dragon parlera plus aux adolescents qu’aux trentenaires comme moi. Pourquoi ? Et bien parce que Poly, qui est notre point de vue de lecteur, a vraiment cette manière toute adolescente de douter, de complexer sur n’importe quoi, de ressasser chaque interaction sociale qu’elle aura, de tortiller en mode « oh mais je sais pas qu’est-ce que je ressens », de sur-analyser TOUT. Est-ce mauvais pour autant ? Non, point du tout, c’est au contraire très bien fait, j’avais réellement l’impression d’être dans la tête d’une ado. Mais par tous les dieux de ce monde et des autres, être dans la tête d’un(e) ado, c’est exténuant ! Quand ma fille aura cet âge, il va falloir que je me mette sérieusement à la méditation.

Et pourtant, et pourtant… Les personnages mûrissent, cet aspect s’estompe pour nous amener vers une conclusion réjouissante. Et tu réalises que Face au dragon n’est pas un roman pour adolescents mais un roman SUR l’adolescence. Il raconte le cheminement de 5 jeunes gens dans une aventure troublante, difficile, qui va les amener à se confronter à eux-mêmes et au monde, à l’inconnu. Ils ont déjà un passé assez dur pour certains, et ils vont évoluer, renoncer à un équilibre pour en trouver un autre, s’adapter et devenir… Adultes… Presque… Ou plus que ça… La dernière partie du bouquin réserve son lot de surprises et de moments durs ou bouleversants (Fichtre, Simon…) qui montrent qu’on est pas dans du simple divertissement pour émouvoir la jeunesse entre deux journées au collège/lycée. Y’a une profondeur, un propos, des sujets graves, un cheminement et beaucoup d’humain là-dedans.

Honnêtement j’ai eu peur à un moment d’être dans un Lost avec des ados qui campent et se demandent qui va sortir avec qui, et qui va faire la vaisselle. Mais Isabelle Bauthian va bien au-delà (même si y’a parfois un peu de ça 😀 ), elle nous parle de courage, d’amitié, de tolérance, de lâcheté, de doutes… Même si certains lecteurs pourront finir frustrés parce qu’on n’a finalement pas toutes les explications au mystère de l’île, mais est-ce vraiment le plus important ?

Bouquin reçu en Service Presse de la part de Sillex, merci à eux

Lire aussi l’avis de : Zina (Les pipelettes en parlent), Dionysos (Le bibliocosme), Célindanaé (Au pays des cave trolls), Chut Maman lit,

 

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Cet article a 9 commentaires

  1. Elhyandra

    Mais c’est que ça rend vachement content d’avoir participé à cette campagne dis donc

  2. Zina

    J’aime vraiment beaucoup tes chroniques 🙂 (oui, c’est juste pour dire ça ^^)
    Et merci pour le lien !

  3. Baroona

    Pas besoin de te justifier, tu aimes le Young Adult, nous ne te jugeons pas. =P
    (cela dit, c’est intrigant tout ça)

    1. L'ours inculte

      J’assume ! Enfin faudra que je vérifie le reste de la grosse prod YA pour voir si j’aurai honte a posteriori. Mais pour ça, la mer eclatée et Spellslinger je confirme

  4. Lutin82

    Je vis effectivement les romans YA pas forcément d’un oeil QUE admiratif. Souvent ils ne parviennent pas tout à fait à me captiver, non pas en raison des personnages ado, mais d’une trame trop balisée, de twists trop évidents pour ne pas perdre un « jeune » lecteur.
    Je considère donc, un roman sur l’adolescence pas forcément à écarter. Et tu me donnes bien envie de jeter un oeil à ce dragon.

  5. L'ours inculte

    L’autrice en question déborde de talent et d’intelligence, et je n’ai strictement rien à foutre de votre mépris. Si votre passe-temps du samedi après midi est de chercher toutes les chroniques qui utilisent ce mot pour cracher votre discours de merde, je suis un peu triste pour vous.
    Bisous