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Érèbe, Rêve multijoueur

Parfois on tombe sur des auteurs ou autrices un peu par les hasards des contacts réseau-socialesques, et pour être honnête je sais plus vraiment par quel biais j’ai croisé l’œuvre de Rozenn Illiano la première fois. Le lobbying intensif de Laird Fumble ? Le lobbying non moins intensif de Xavier Collette (qui œuvre sur les couvertures) ? Je sais plus… Finalement la curiosité m’a poussé à lire Érèbe qui n’est, à priori, pas complètement dans mes catégories de prédilection, mais la curiosité ça a du bon parfois.

En 1888, Lisbeth vit avec son père à Paris. Coincée entre la perspective d’un mariage arrangé et un travail qu’elle est sur le point de perdre, la voilà bien dans la merde. Mais c’est là que la jeune femme se découvre un pouvoir étonnant, elle peut accéder dans ses rêves à un monde appelé Érèbe. Elle réalise assez vite qu’elle n’est pas seule là-bas, qu’un jeune homme la rejoint régulièrement, et ensemble ils vont explorer cet univers qui n’est qu’à eux. Mais leur petit secret va se heurter au poids de l’héritage de leurs familles respectives, de la malédiction qui les poursuit, et d’une brouette de secrets fort dangereux.

L’autrice pose ici une ambiance remarquable qui évoque les classiques du fantastique, la noblesse de la belle époque, les secrets surnaturels qui s’invitent dans la vie d’une héroïne qui se découvre. Et le froid, aussi, y’a de la neige, de la pluie, de la nuit, des personnages tout de noir vêtu au regard mystérieux et des châteaux vides. Du coup y’a une petite collection d’archétypes (pour ne pas dire clichés) qui résonnent pas mal, qui évoquent un imaginaire collectif même si ça parait parfois un petit peu déjà-lu, comme c’est intentionnel et bien exécuté, c’est pas vraiment un défaut. C’est cette ambiance, cette atmosphère très travaillée, qui a porté le lecteur que je suis à travers une histoire au rythme tout doux, basé sur les trajectoires croisées de deux personnages que sont Lisbeth et Elliot.

Sans trop divulgâcher tout ça, nos deux complices nocturnes vont se découvrir, mais aussi découvrir les mystérieux enjeux derrière leur monde partagé. Et on prend plaisir nous aussi à découvrir ce puzzle qui se raconte petit à petit avec des flashbacks éparpillés, des révélations et des souvenirs dérobés. Le casting va s’étoffer quand nous explorerons l’entourage de nos protagonistes, leurs deux familles vont constituer un grand panorama dans le temps qui sera le pivot de tout.

Lisbeth et Elliot sont rudement bien mis en place, on les comprend individuellement et on suit leur évolution croisée avec naturel. La progression du mystère est satisfaisante même si j’ai eu un petit flottement en milieu de roman : On va rester vague, mais les motivations de tout ce beau monde m’ont paru absurdes et je me suis demandé « Mais pourquoi ils font ça ? Ils sont débiles ou quoi ? ». Il a manqué quelque chose à mon petit cerveau logique qui arrivait pas à comprendre l’enjeu ultime, les buts des personnages dans cette histoire. Et puis j’ai réalisé que l’absurdité était en fait précisément le sujet de l’histoire, ce sont des personnes qui se battent pour sortir d’un chemin tracé absurde. Rozenn Illiano joue avec la notion de malédiction et de prédestinée, place des personnages aux destins tragiques sur le chemin et laisse la balle rouler dans le temps.

Érèbe fait partie d’une grande fresque que l’autrice appelle « Le grand projet » et qu’elle porte complètement en auto-édition (chapeau), je sais pas encore vraiment en quoi ça consiste vu que j’en ai lu qu’un seul fragment, mais chaque roman est censé se suffire à lui-même tout en étant connecté au même univers. N’est-ce pas intrigant, tout ça ? En tous cas cette première découverte m’a assez accroché pour que je continue mon exploration, j’ai découvert avec plaisir cet univers qui m’a un peu reconnecté avec les ambiances fantastiques que j’ai pu aimer avant de plonger dans la fantasy.

Couverture : Xavier Collette
Editeur : Oniroprods (Auto-édition)
Nombre de pages : 396 (broché) / 356 (relié)
Prix : 3.99€ (numérique) / 20€ (relié) / 40€ (broché)

Lire aussi l’avis de : Laird Fumble (Le syndrome Quickson), Célinedanaë (Au pays des cave trolls), Magali Lefebvre (Les histoires de Lullaby),

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Cet article a 9 commentaires

    1. Merci pour ton avis, je l’ajoute aux liens ! Je vais continuer mon exploration de sa bibliographie en tous cas !

  1. Dup

    Ohoh, c’est très tentant tout ça ! Je vais d’abord découvrir sa plume avec Le phare au corbeau qui a rejoint ma PAL. Si ça me plait je pense que j’y reviendrai.

    1. Je vais continuer avec Elisabeta et sûrement le phare du corbeau ensuite