Dragon de sable est le premier roman de Marc Ismier, et il a apparemment eu une première vie auto-éditée avant d’être repris par les éditions M+ (connais pas). Quand l’auteur m’a proposé la lecture du bouquin, ça m’a bien intrigué, je dois l’avouer. Cette année je me sens d’humeur aventureuse, je tente des SP d’inconnus, mais ça présente quand même un petit risque. C’est quoi, ce Dragon de sable ?
Bryan est le premier des Marcheurs, une caste de conseillers qui servent le roi Gylfi en parcourant ses terres pour résoudre des conflits à droite à gauche. Ils disposent de pouvoirs liés au déplacement, ils peuvent couvrir de grandes distances à pied très rapidement en utilisant leur magie. En mission loin de la capitale, il est soudain contacté par Snorri, le premier Sculpteur. Le roi a disparu sans laisser de trace, sa reine et le dauphin également. C’est à Bryan d’enquêter pour découvrir ce qui est arrivé au monarque, il va parcourir tout le royaume en quête de vérité, et il devra se méfier de tout le monde, les plus proches conseillers du rois semblent comploter dans les coins sombres du palais.
Dragon de sable démarre donc sur un mystère, et de manière plutôt habile et intrigante. On fait la connaissance de Bryan et de ses capacités hors du commun, et petit à petit l’énigme se met en place. On découvre que Bryan est également roi, et que des accords ont permis des alliances et une coopération bénéfique à tous. On apprend les différentes castes qui régissent le royaume, les Marcheurs qui vadrouillent un peu partout, les Sculpteurs qui peuvent… sculpter… des passages magiques, les Mages qui font de la magie, la Nuit qui fait des trucs mystérieux (j’ai pas bien compris leur rôle) et le roi qui a des pouvoirs cosmiques phénoménaux et permet la stabilité du royaume. Tout ça est assez original et intrigant pour permettre une immersion progressive, qui nous présentera au passage les jeux de pouvoir et de politique.
On démarre donc assez bien, et on se rend compte que l’auteur prend son temps, il aime décrire les voyages de Bryan, ses déplacements magiques où il se laisse emporter par la route qui le guide. Le roman nous emmène avec lui, c’est très immersif et planant par certains côtés, on va beaucoup voyager et ça correspond bien à la promesse de suivre ce premier Marcheur. Seulement, au bout d’un moment j’ai eu l’impression que notre protagoniste-narrateur y allait un peu au pifomètre, et c’est là que la promesse du mystère à élucider se prend quelques branches dans les dents. Je l’ai déjà dit, une enquête doit suivre une certaine rigueur pour arriver à m’emporter, il faut que la logique nous emporte et qu’on en comprenne tout le cheminement pour être vraiment dedans, et je pense que c’est un truc très compliqué à réussir, surtout sur un premier roman. Déception d’autant plus grande que le mystère n’est pas complètement résolu au bout des 400 pages, il devrait y avoir une suite (déjà sortie en auto-édition) mais c’est frustrant, on sait toujours pas le pourquoi du comment même si on a eu quelques belles surprises sur le chemin.
L’autre point qui m’a refroidi c’est que tout parait un peu trop facile pour notre héros, on ne le sent jamais en danger. « Oh, un groupe de méchants, pif paf pouf, avec mes pouvoirs je leur éclate la gueule, facile ». Dans la même idée, ce pouvoir de marcheur il est super-cheaté, la route elle lui souffle même où il doit aller, c’est vraiment pas compliqué d’être marcheur. Et quand même, pour un bouquin qui s’appelle Dragon de sable, qui a bénéficié d’un gros trailer avec un gros dragon qui fait du feu, ben ça manque cruellement de dragon en fait. Et même de sable. Pourquoi il s’appelle comme ça le bouquin ? Je sais pas.
Pourtant, tout ça n’est pas si grave, mais je vous garde le défaut principal pour la fin, c’est un classique chez les auteurs de fantasy débutants, mais là c’est à un point jamais vu : Où sont les femmes, dans cet univers ? Y’a des tas de personnages, des importants, des moins importants, des alliés, des mystérieux, des traîtres, des serviteurs… Et ce sont tous des hommes. Que des testicouilles. Partout. J’ai compté quatre personnages féminins pour une présence cumulée qui dépasse pas 10 pages sur 400, et attention les rôles hein. On a la reine qui se planque, on a la femme de Bryan qui attend à la maison et lui fait des câlins quand il passe dans le coin, à un moment on a une femme de fermier qui fait la vaisselle pendant que les mâles discutent des choses importantes, et je crois que la dernière est à peine mentionnée en passant. C’est déjà arrivé de tomber sur un bouquin au casting déséquilibré en terme de parité, que les héros soient surtout des mecs, mais que les femmes soient aussi absentes dans tout le monde créé par l’auteur, qu’elles n’existent quasiment pas, je crois que c’est inédit pour moi.
Dragon de sable est donc une déception malgré quelques réussites au niveau de l’ambiance et des idées, ses défauts m’ont petit à petit fait sortir de l’histoire et m’ont empêché de profiter de l’aventure. C’est dommage. Et après 3 déceptions pour 3 SPs proposés par des auteurs inconnus (après Les chroniques de Domum et Les voiles de Pélaque), je vais peut-être me calmer sur la curiosité et revenir aux bases saines de bouquins que je déniche tout seul.
Roman reçu en service presse de la part de l’éditeur et l’auteur, merci à eux.
Éditeur : M+
Nombre de pages : 400
Date de sortie : 29 Mars 2022
Prix : 15,90€ (broché) / 8,99€ (numérique)
Merci pour votre retour, qui a le mérite de démontrer qu’un SP n’est pas un achat de pub ;-).
Je voudrais juste faire un petit retour sur quelques points : la facilité pour Bryan est discutable dans ce premier tome – il a quand même quelques mises en défaut radicales et peu logiques pour le Roi qui l’est – presque l’égale de celui qu’il sert… et je ne parle pas de ce qui se passe dans le second tome. Pour la logique de l’enquête, ça m’est plus difficile d’objecter, n’ayant pas les idées claires sur ce que vous attendriez et ce récit n’étant pas qu’une enquête. Pour les femmes, elles arrivent dans le second tome et il y a quelques raisons à cela. Et ce ne sont pas exactement des seconds rôles. Désolé que vous n’ayez pas plus apprécié : j’espère que vous n’avez pas trop « souffert »…
Bonjour,
Non pas de souffrance, comme je l’ai dit j’ai apprécié les ambiances et les idées de worldbuilding, ainsi que les quelques retournements de situation.
Évidemment je ne peux donner un avis que sur le seul tome 1, si les femmes arrivent toutes au second tome parce qu’elles étaient cachées, ça sera une bonne surprise.
Mon avis sur Bryan est plutôt un ressenti général sur l’ensemble du bouquin, il apparaît bien serein devant tant de difficultés, enfin c’est le ressenti que j’ai eu en lisant votre récit. Dur de le justifier factuellement par A + B.
Merci de votre réponse ! Le contenu de votre billet me donnait l’impression que ça avait été essentiellement désagréable passé le début – savoir que certains aspects trouvent grâce me rassure quand même un peu !