Vous connaissez Joe Hill ? Non ? Bon… On va repartir du plus simple… Vous connaissez Stephen King ? Si vous répondez « non », quittez ce site tout de suite, j’veux plus vous voir. Voilà, maintenant qu’on est entre gens biens, on peut reprendre. Donc Joe Hill c’est le fils de Stephen King, mais par respect et politesse pour le monsieur (même s’il lira jamais ces lignes, on s’en fout), ne le résumons pas à ça. Les plus BDphiles auront peut-être croisé sa plume sur l’excellente BD « Locke and Key« , et les autres auront peut-être vu son nom sur ses premiers romans, à savoir le Costume du mort, Cornes, ou encore Nosfera2.
Nous allons nous intéresser ici au second, qui raconte les aventure d’Ignatius Perrish, jeune homme presque normal qui va se réveiller un lendemain de cuite avec une paire de cornes lui poussant sur le crâne (en plus de la gueule de bois). C’est déjà assez coquasse en soi, mais les petits appendices s’accompagnent d’un phénomène tout à fait singulier, tous les gens qu’il croise se sentent obligés de lui confier leur plus sombres secrets et vices sans s’en rendre compte, ce qui rend toute conversation normale un poil compliquée… Imaginez la scène gênante face aux parents… Mais Ig va profiter de ce pouvoir bizarre pour creuser un petit mystère qui lui pourrit la vie : le viol et le meurtre de sa petite amie un an plus tôt dont tout le monde le croit coupable sans pouvoir le prouver.
Le livre est donc l’histoire d’un crime dans une petite bourgade qu’une petite touche de fantastique va remuer un peu, et vraiment ça fonctionne super bien. J’ai déjà dit que l’auteur mérite mieux que l’éternelle comparaison avec le paternel mais on voit quand même un parallèle difficile à rater tant leur manière d’aborder le fantastique se rapproche, par les personnages et des tranches de vies tragiques mais banales. La galerie de protagonistes simples, attachants, cruels, humains forme une histoire cohérente et tragique, et la touche de diabolique donne une petite saveur malsaine à l’ensemble. Oui, on sait, ça ressemble à papa, mais à la lecture Joe Hill ressort quand même avec sa propre touche, un espèce de fatalisme désabusé mais non sans une pointe d’humour, qui se transforme en déchainement de fureur vengeresse et de cruauté.
On suit Ig dans les différentes étapes de la découverte de ses nouveaux pouvoirs, quand il essaie de les comprendre à des moments de tendresse, de doute, de dégout et de colère au fur et à mesure qu’il va creuser dans l’esprit de son entourage et qu’il va faire la lumière sur les évènements passés. On va pouvoir revivre différents moments de sa vie à travers des flashbacks plutôt bien amenés vers l’enfance de Ig où on va revivre quelques épisodes fondateurs de son enfance. On reviendra aussi sur le meurtre de Merrin et sur la vérité à propos de cette soirée tragique.
Joe Hill s’amuse avec le postulat de base de son roman à nous faire reconstituer plusieurs puzzles de la vie d’Ignatius, que les gueules de bois ne cessent de brouiller. Le héros essaye de reconstituer la nuit du meurtre de Merrin, mais aussi cette fameuse journée où le jeune couple avait trouvé une cabane mystérieuse dans le bois, ou encore la soirée plus récente qui a précédé l’apparition de ces fameuses cornes, encore une énigme à décortiquer, Ig est un vrai Rubik’s Cube ésotérique à lui tout seul. Mais ce livre parle de tellement plus, parfois de manière un peu foutraque mais avec talent, on lit l’amour d’adolescent d’Ig et Merrin, on lit la complicité avec Lee, la tristesse et la nostalgie, la vie de famille, la musique, la colère, la puissance, la bienveillance de son frère Terry, le doute de son entourage et la tragédie qui englobe le tout…
Cornes est un roman solide et passionnant que tout amateur de fantastique devrait apprécier. Joe Hill fait forte impression ici et parvient à toucher le lecteur avec un postulat un peu absurde mais une construction efficace et une grande maîtrise de ses personnages, voilà un jeune auteur à suivre de très près. A noter que Cornes à été adapté au ciné par Alexandre Aja, avec Daniel Radcliffe dans le rôle principal (oui, harry l’potier), alors je sais pas ce que ça donne, je l’ai pas encore vu… J’ai un peu peur, je dois vous avouer…
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