Bon, commencer de nouvelles séries tout le temps, c’est rigolo mais à un moment faut penser à les finir quand même. Après avoir bouclé Les prodiges de l’empire, j’ai terminé une autre trilogie publiée chez Bragelonne : Blackwing. La chute du corbeau marque la fin de la quête de Ryhalt Galharrow et sa bonne humeur communicative.
Ça fait six ans que Ryhalt se trimballe dans la Désolation mais il a un plan. Il parait. Le prix à payer c’est qu’il ne ressemble plus trop à un être humain, que ses fantômes le suivent partout et que ses contacts avec les gens se font très rares. Alors que les Rois des profondeurs n’ont pas dit leur dernier mot, voilà que quelqu’un assassine les capitaines de Corbeau, Ryhalt est bien évidemment sur la liste. Les Sans-noms placent leurs pions pour le grand affrontement final, mais ils sont très affaiblis, ils vont jouer leur dernière carte dans cette guerre où les hommes ne sont que des pantins. Et s’ils peuvent se tirer dans les pattes au passage, ils vont pas se gêner.
L’univers d’Ed McDonald mélange toujours habilement la fantasy à poudre et l’ambiance apocalyptique pour nous raconter cet affrontement entre des entités quasi-divines pour qui l’humain n’est rien. La terre est corrompue, le ciel est déchiré, une pluie dégueulasse rend les gens fous, des créatures se promènent. Dans ce troisième tome, les Sans-noms sont au bout du rouleau et on sent directement que c’est le baroud d’honneur. J’avais jusque-là apprécié la série mais j’ai préféré le second tome car notre protagoniste gagnait un peu d’humanité notamment grâce à son entourage qui apporte un peu de chaleur à ce héros alcoolo-blasé. Là on repart dans la dépression, larguez les amarres, atmosphère pesante niveau hardcore. J’avoue que, si c’est rudement bien fait, c’est pas forcément une ambiance dans laquelle j’aime me vautrer. Pourtant, ça a l’avantage de bien mettre en place la tension pour le grand final.
Et c’est ce feu d’artifice clôturant la saga qui m’a permis de finalement apprécier ma lecture, car si tout le livre baigne dans une noirceur et un désespoir plombants, c’est pour mieux amener cette fin où les protagonistes vont tout miser pour sauver leur pays et ceux qu’ils aiment. Il y a un contre-coup qui m’a fait un peu de bien, et sauve l’ensemble qui jusque là m’avait moyennement emballé. Youpi. Pourtant les sadiques amateurs de bon gros Grimdark qui tâche seront ravis, j’en suis persuadé. On apprend beaucoup sur l’équilibre entre les Sans-noms et leurs capitaines humains, avec quelques nouvelles têtes bien charismatiques, et l’univers très solide prend encore plus d’ampleur. L’auteur répond à nos questions mais esquisse également quelques mythologies encore inexplorées qui pourraient permettre d’aller plus loin (dans la folie). Et la petite bestiole planquée dans le placard qui suce la personnalité des gens, ça m’a fait beaucoup rire.
Les personnages secondaires ont également bien grandi, évidemment Ryhalt va retrouver Amaira et Valiya, mais il ne fait plus vraiment partie de leur vie, il s’est éloigné d’elles en même temps que de son humanité. Pourtant il garde son entourage d’amis fidèles qui lui donnent un coup de main, et progressent de leur côté pour faire avancer les choses. Mais Ryhalt trimballe aussi ses disparus comme son ombre, et ses échecs passés (qu’on ne spoilera pas) reviennent le hanter. C’est pourtant aussi là-dedans qu’il va tirer sa force, participant à cette bascule entre l’ultra-grimdark et l’espoir. Les évènements des deux premiers livres servent de moteur à notre « héros », le motivant à aller au-delà du raisonnable, vers l’impossible.
La chute du corbeau nous sert une conclusion qui va parfois bien trop loin dans le grimdark à mon goût, mais se sert de cet excès pour donner de l’inertie à son propos jusqu’à la ligne d’arrivée explosive qui donne du sens à l’ensemble. Blackwing nous aura parlé de désespoir et de regrets, d’amis tombés et de courage, pour nous amener finalement vers un peu de lumière.
Lire aussi l’avis de : Apophis (Le culte d’Apophis), Phooka (Book en stock),
Voilà, j’étais certain que tu allais aimer la fin ! Sinon c’est marrant, mais depuis que le Hopepunk est apparu en 2017, j’ai l’impression qu’il y a certaines autrices et auteurs qui se sont lancé comme défi d’écrire le bouquin le plus Grimdark possible 😀
Ton commentaire m’avait bien poussé a continuer, faut dire.
Moi si l’univers est sombre j’ai besoin de personnages « lumineux » qui compensent. Je me dirige de plus en plus vers de la fantasy plus légère
Je ne savais même pas que la conclusion était sortie ! Et une lecture supplémentaire à rajouter à ma liste 😉
J’ai pas précisé mais c’est sorti seulement en numérique il me semble (covid, tout ça tout ça)
Je confirme, la version physique n’est prévue que le 12 août.
Ah ok 😉 Je vais attendre la sortie papier alors (un peu de répit ^^ )
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