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Archives de l’exode, Petits bouts d’espace

Archives de l’exode est le troisième tome de la saga Les voyageurs par Becky Chambers

Ah, un peu de Becky Chambers en ces temps de grand n’importe quoi, pour adoucir l’esprit et nourrir le cœur, ça me parait une bonne idée ça. J’ai donc continué mon petit voyage avec Les voyageurs après L’espace d’un an et Libration, me voici donc de retour des Archives de l’exode.

La flotte exodienne est partie de la Terre pour explorer et trouver refuge dans l’espace il y a des générations, et sa mission est plus ou moins remplie. Aujourd’hui, elle est une communauté à part, ses habitants vivent selon les coutumes qui leur ont permis de perpétuer ce grand voyage mais beaucoup la quittent pour aller découvrir cette communauté galactique qui s’étend au-delà. On suivra dans ce roman plusieurs protagonistes qui font leur chemin dans la flotte, certain.e.s y cherchent leur place, certain.e.s l’ont déjà trouvée, certain.e.s cherchent un ailleurs.

Plus que les deux précédents, ce tome 3 des Voyageurs déstabilise nos petites habitudes parce que j’ai cherché « l’intrigue » jusqu’à la fin et il n’y en a pas vraiment. On suit des tranches de vie dans cette communauté mais il n’y a pas de grand évènement perturbateur qui ferait converger les points de vue de ce roman, c’est un portrait multi-facettes d’une communauté. Chacun aura son petit cheminement dans ce grand tout pour nous en donner un aperçu, une petite péripétie, un drame, une rencontre, une conversation, voilà un petit kaléidoscope qui se découvre doucement. Archives de l’exode fait partie de ces bouquins que j’ai picoré et pas dévoré, parce que son parti pris le rend pas « palpitant » ou « page turner » pour moi. Il est même limite ennuyeux par moment mais quand on arrive au bout et qu’on le laisse un peu décanter, on en garde quelque-chose, un ensemble satisfaisant, un goût de réussite malgré tout, et on est très content du voyage.

Becky Chambers nous décrit une communauté avec ses coutumes et sa mémoire, mais qui tourne un peu en rond, on peut y trouver sa place et s’y sentir chez soi, mais on peut avoir envie d’un ailleurs et de découverte. Moi qui vit dans un petit bled de montagne, j’ai tout de suite pu faire le parallèle avec nos petits milieux ruraux où des gens viennent chercher la paix tandis que d’autres ne rêvent que de s’enfuir et de découvrir le monde au-delà. Pour parfois y revenir bien plus tard. La flotte exodienne est ce petit village isolé, un peu dans son jus, au milieu de l’espace, que de l’extérieur on pourrait regarder un peu bizarrement sans jamais vraiment comprendre ce que c’est que d’y vivre. Pourquoi y vivre ? Pourquoi y rester ? Pourquoi y entrer ?

C’est à travers ces trajectoires qu’on va trouver des réponses, quelques réponses parmi tant d’autres, toutes très différentes pour chaque personnage. Sawyer a déjà vu le reste de l’univers et apparemment c’était pas ouf, alors il veut s’intégrer ici mais il a pas tous les codes et on lui facilite pas la tâche. Eyas est une soignante qui s’occupe des morts et les recycle, donnant à la flotte de quoi nourrir ses jardins et ses habitants dans un cycle de vie pragmatique mais qu’elle infuse de sa sensibilité et de sa spiritualité. Kip est un ado, il s’emmerde un peu, il tourne en rond avec son pote, il fait des conneries, il se trouve pas ici, il a besoin d’ailleurs. Et d’autres encore mais je vous ai mis de mémoire celles et ceux qui m’ont le plus touché. Comme toujours avec Becky Chambers (jusqu’ici) c’est extrêmement subtil, sensible, humain. On nous parle de communauté, de transmission, de ce qu’on a et de ce qu’on cherche.

Troisième essai et troisième réussite chez moi pour Becky Chambers, pas forcément mon préféré, un roman qui peut paraître chiant à la lecture parce que grossièrement « il se passe rien », mais en fait il se passe plein de choses. Il se passe plein de choses pour ces personnages même si c’est pas de l’épiquitude qui changera la galaxie, il se passe plein de choses pour les lecteurices qui mettent bout à bout ce grand puzzle de vies quand on lui laisse le temps d’infuser. Finalement j’ai plus apprécié ce livre une fois que je l’ai terminé et l’ai laissé mûrir dans ma tête que vraiment pendant sa découverte, et c’est assez étrange. Mais fascinant.

Lire aussi l’avis de : Yuyine, Baroona (233°C), Laird Fumble (Le syndrome Quickson), Stéphanie Chaptal (outrelivres),

Couverture : Nicolas Sarter
Traduction : Marie Surgers
Titre original : Record of a spaceborn few
Éditeur : L’atalante / Le livre de poche
Nombre de pages : 368
Date de sortie : 24 Octobre 2019
Prix : 26,50€ (relié) / 9,70€ (poche) / 6,99€ (numérique)


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