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Aeternia 2 : L’envers du monde, une petite danse avec la mort

 Précédemment dans Aeternia (voix de Jack Bauer), nous avions laissé Kyrenia avec une belle guerre de religion sur les bras, mais pour départager le culte d’Ochin grandissant et la très officielle religion de la Déesse sans plus d’effusion de sang, un duel doit avoir lieu entre les champions des deux camps. Oh, le duel aura bien lieu mais le sang n’a pas fini de couler, la conclusion du diptyque de Gabriel Katz réserve encore quelques surprises.

Ce second tome change radicalement de point de vue puisqu’on suivra surtout Desmeon ici, laissant le grand Leth Marek de côté. Le mercenaire qu’on surnomme le Danseur était déjà un des personnages marquants du premier tome et le suivre de plus près est un plaisir, on en apprendra plus sur son passé et sur ce qui l’a amené à servir le prophète, et on profitera surtout encore plus de son caractère cynique et détaché (mais pas tant que ça ?) à travers les dialogues toujours percutants de l’auteur. Le caractère de ce protagoniste est très cohérent et bien écrit, une fois qu’il a compris ce qui se passe réellement, sa seule préoccupation sera de se barrer vite fait pour pas être mêlé à tout ça… Évidemment, le destin ne va pas le laisser se défiler si facilement, sinon ça serait pas drôle.

Le héros du premier tome était très touchant, très marquant pour le lecteur mais Desmeon n’a pas à rougir de la comparaison, il tient sa place avec classe et panache en étant très différent. Comme dans le premier opus, pour varier les points de vue et explorer les hautes sphères de l’élite Kyrenienne, on suivra toujours Varian en parallèle, jeune prêtre chroniqueur d’une des pointures du temple. Il va assister à toutes les manigances de très près, peut-être un peu trop à son goût quand ça va sentir le roussi mais le jeune est ambitieux et commence à saisir les réglés du jeu… Ce côté-là, comme dans le tome précédent, a un peu moins de flamboyance que la partie opposée, mais pose l’intrigue de manière un peu plus complexe et donne de l’épaisseur à la trame globale.

Le lecteur a un coup d’avance sur certains personnages, on sait des choses dont Desmeon n’a aucune idée, et le livre joue sur ces sous-entendus pour apporter plusieurs niveaux de lecture aux évènements et aux dialogues, et ainsi cultiver son suspense. C’est malin, très bien joué, mais pourra provoquer l’envie de foutre des claques à certaines personnes qui cachent bien leur jeu (ceux qui l’ont lu savent très bien de qui je parle !!).

La série explore toujours l’opposition de deux religions qui ne reculent devant rien pour écraser l’autre, manipulations, meurtre, propagande, révoltes, etc… Si les coups fourrés et trahisons sont toujours bien vus, j’ai trouvé la propagande d’Ochin sur le peuple un peu « trop » efficace, et du coup j’y ai pas cru une seconde, c’est peut-être le seul défaut du livre. Tous les pauvres de la ville se transforment en quelques jours en fanatiques prêts à lancer une guerre civile mais je pense qu’il aurait fallu montrer plus de nuances pour rendre tout ça crédible, peut-être des situations plus ambiguës, de la résistance au mouvement, mais là ça avait l’air vraiment trop facile du coup je me disais « mais ce sont tous des gros débiles, les habitants de Kyrenia ». Oui, je sais, notre histoire nous montre que le peuple peut tout à fait être débile et manipulable, mais dans ce contexte je n’y ai pas cru, ou pas comme çà.

Mais en dehors de ça, la série garde son efficacité intacte, on commence à avoir l’habitude avec Gabriel Katz. Le roman se lit très vite, on voit pas les pages défiler et il n’y a pas un temps mort sur les presque 400 pages qui le composent. Que ce soit les scènes de combats, les discussions ou les passages plus calmes de manipulations et complots, chaque chapitre se lit avec autant de plaisir et il n’y a rien à jeter. Il y a toujours un sens du rythme très plaisant chez cet auteur, un tempo qui ne faiblit pas tout en variant les approches et les situations. Pour cette même raison l’univers global n’est pas vraiment approfondi, le world-building est quasi-anecdotique et on a quelques ellipses acrobatiques pour laisser de la place à cette débauche de coolitude et d’action. Pour moi ça se défend complètement, ça n’a pas du tout gêné ma lecture mais il faut le savoir, même si c’est peut-être aussi l’origine du défaut évoqué au paragraphe précédent

Ce second tome conclut la série Aeternia sans perdre de son intérêt, cette guerre de religion à l’échelle d’une ville, sous ses airs de divertissement d’action efficace et fun, nous renvoie forcément à notre histoire (qu’elle soit lointaine ou très récente) par son absurdité et son côté vain. Pourtant, point de leçon de morale lourde ici, le livre sait aborder ces thèmes sans être ronflant ou paternaliste, l’important reste les personnages et leur aventure.

Lire aussi l’avis de : Imaginelf, Jean-Luc Rivera (sur ActuSF),

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