C’est le bordel dans l’empire, les Auldeks marchent vers Acacia avec une armée d’esclaves, de bestioles et de guerriers face à laquelle se dressent Mena et son dragon, tandis que les hérauts du Santoth viennent du sud pour récupérer le chant d’Elenet que détient Corinn. Dariel est quant à lui dans les terres lointaines parmi les êtres libres qui se préparent à affronter leurs propres adversaires. Pourtant, au cœur de l’empire, la révolte gronde toujours et les comploteurs complotent, les héritiers de la famille Akaran devront affronter toutes ces menaces et préserver l’équilibre précaire du pays.
Nous retrouvons avec plaisir la plume de David Anthony Durham pour ce troisième et dernier tome de la trilogie Acacia, encore un bon gros pavé de plus de 800 pages pour se muscler les bras. Ce livre reprend directement la suite de Terres étrangères et a toujours les mêmes qualités d’écriture et de construction hallucinantes, les évènements s’enchainent et on est happés par tous les pans d’une histoire multi-facettes (comme les boules, oui). On saute d’une région à l’autre, d’un fil de l’intrigue au suivant sans perdre d’intérêt. La marche des Auldeks apporte un côté plus guerrier à l’ensemble, mais ça reste équilibré par tous les autres aspects de l’intrigue générale.
On est toujours confrontés à des personnages aux personnalités complexes et le lecteur pourra s’attacher à l’un ou l’autre, voire tous en même temps. En effet, monsieur Durham parvient encore une fois à rendre les motivations de chacun compréhensible pour nous. Au fur et à mesure que les mystères de la saga nous sont révélés, on comprend les tenants et les aboutissants de chaque faction, chaque héros, chaque ennemi. Il n’y a pas de « il fait des trucs méchants parce qu’il est méchant », que ce soit par tradition, par stratégie, par haine, par espoir, chacun avance selon ses plans et ses principes, toutes les pièces s’emboitent à la perfection pour former une fresque cohérente, solide et passionnante.
Cette conclusion apporte donc son lot de réponses sur les évènements présents mais également sur l’histoire de l’empire, les alliances politiques passées qui ont permis la mise en place du quota et du trafic de brume qui sert à tenir le peuple (toute analogie avec notre société serait purement fortuite… ou pas… à vous de voir…). On en apprend beaucoup sur les êtres libres et les clans des esclaves Auldeks, les aventures de Dariel nous font découvrir leurs légendes et leurs coutumes particulières, ainsi que leurs conflits internes. Tout le bagage de David Anthony Durham côté roman historique lui permet de décrire les trajectoires des différents peuples avec clarté et finesse, mais il y apporte une science des personnages et de leurs motivations qui, rassemblées, donnent un cocktail vraiment génial.
Par contre, j’ai trouvé la toute fin de la saga assez plate après tant de tension de toutes parts de l’intrigue. La saga se conclut assez sereinement, pépère, tranquille, on pose les pieds sous la table et tout le monde rentre à la maison. C’est pas vraiment une fin en apothéose même si (ne me faites pas dire ce que j’ai pas écrit… non, ça n’a aucun sens) elle n’est pas décevante par son contenu mais bien par le rythme et le souffle qu’elle porte, on referme le livre dans le calme, ça ronronne…
Cette saga est vraiment à découvrir pour tous les amateurs de fantasy complexe, politique mais qui ne laisse pas ses personnages en plan. Comme je le disais dans ma critique du premier tome, la construction du récit fait beaucoup penser au trône de fer, mais il laisse le sentiment inverse par rapport à la saga de GRR Martin, ici chaque personnage est important, cohérent et compréhensible, chacun compte aux yeux du lecteur comme pour l’intrigue globale.
Lire l’avis de : Gillossen (elbakin.net)
Merci pour cette critique avec laquelle je suis tout à fait d’accord. C’est une trilogie qui m’a laissé de très bons souvenirs, même si la fin aurait pu être un peu plus « épique » à mon goût 🙂
J’ai eu le premier tome chez un bouquiniste d’occasion, mais je n’ai pas encore eu le courage de m’y attaquer! En partie parce que j’ai lu plusieurs romans de fantasy décevants (Fiona McIntosh si tu m’entends…)… Là ça semble être un peu plus riches et complexe, je vais peut être tenter ma chance :)!
Je connais pas McIntosh (j’en ai un qui traine sur ma liseuse depuis un moment mais jamais commencé) mais si tu cherches de la fantasy riche oui, acacia peut se tenter, je le conseille