Je comptais attendre que Of blood and bone, la nouvelle trilogie de John Gwynne, soit sortie intégralement pour me lancer dedans. Après avoir dévoré The faithful and the fallen l’an dernier, revenir dans les Terres bannies me démangeait quand même pas mal. Et je suis faible. Donc j’ai craqué et j’ai lu le tome 1, A time of dread, avant la sortie du 3. Oh oui, je suis faible.
Plus d’un siècle a passé depuis les évènements racontés dans Wrath, la lecture de The faithful and the fallen n’est pas forcément nécessaire pour comprendre les enjeux, mais je pense vraiment qu’on perdrait beaucoup à ne pas faire les choses dans l’ordre. Je ne vais pas spoiler grand chose, mais en continuant vous saurez fatalement quel camp a gagné dans le dernier conflit ! Ici, les Ben-elim (des anges, grosso modo) se sont employés à « pacifier » le monde des humains en les conquérant gentiment, mais c’est pour le bien commun. Car l’ennemi est encore là. Les kadoshim (les anges déchus, grosso modo) se planquent un peu partout et attendent leur heure, il faut être vigilent, prêt. On a donc un empire dirigé par les Ben-elim qui regroupent les humains sous leur bannière pour que tout le monde affronte ensemble la menace Kadoshim, mais leurs méthodes sont pas toujours très sympa.
Dans ce foutoir on va suivre plusieurs personnages, à l’image de la saga précédente. Dans le camp Ben-elim on a Riv qui est une guerrière en formation dans l’ordre des White Wings, une armée d’humains complètement dévoués à leur cause et leur philosophie. A ses côtés, Bleda est également sous le contrôle des Ben-elim mais en tant qu’otage, capturé pour contrôler son clan et l’empêcher de combattre un autre clan humain. Sig est une géante qui fait partie d’un ordre dissident fondé par Corban qui aime pas trop la politique agressive des autres emplumés, mais ils ont tout de même un ennemi commun donc collaborent tant bien que mal. Et enfin, Drem est un chasseur qui fait sa vie tranquillement dans le nord avec son papounet quand le conflit le rattrape et provoque de grandes révélations sur sa famille et ses origines.
Si vous avez lu la première série de l’auteur, vous ne serez absolument pas dépaysé. Gwynne reprend en effet les grandes lignes de son univers avec tous ses éléments « signature » : Les corbeaux qui parlent, les géants à dos d’ours, les super-loups, les murs de boucliers, les anges et les démons, etc… On se sent vraiment à la maison, et pour moi qui ait énormément apprécié cet auteur jusqu’ici, c’est pile ce que je voulais, on jubile dès qu’on recroise un truc qu’on aime, ou une référence qui nous rappelle les bons moments passés. Mais heureusement pour nous, l’écrivain arrive à apporter quelque chose de neuf au milieu de ces éléments familiers, Of blood and bone n’est pas juste une redite. Le neuf c’est dans l’équilibre des forces et les dissensions internes, dans ce peuple qui soumet les humains à une discipline mais cache évidements quelques craquelures, dans cette opposition qui est moins binaire que « Bright Star » contre « Black Sun ».
On va pas se mentir, John Gwynne fait du John Gwynne, moi j’adore ça mais c’est quand même une aventure avec le même feeling. Pourtant ça reste extrêmement accrocheur grâce aux personnages qui sont clairement tous excellents, chaque changement de point de vue relance l’enthousiasme. Riv est l’archétype de la guerrière prometteuse, une Corban au féminin, mais elle est handicapée par son tempérament incompatible avec son but de devenir une White Wings, pourtant elle persiste, poussée par son entourage, ses rêves, sa famille. Dans ce premier tome, c’est tout son système de valeur qui va être retourné. En face, c’est Drem qui accroche le lecteur avec son enquête sur les trucs louches qui se passent dans sa campagne perdue, des trappeurs qui disparaissent à ces attaques d’ours. La relation qu’il entretient avec son père est extrêmement touchante. Sig fait le lien entre les deux séries, elle nous rappelle l’ombre de Corban, Cywen et tous les autres puisqu’elle les a connu, et apporte beaucoup d’émotion à l’univers. Globalement on a toujours ces piliers chez Gwynne, l’amitié, la loyauté, le côté humain qui emporte le lecteur. Mais on a aussi la baston !
Et oui, A time of dread nous offre évidemment son lot d’action, ces combats désespérés, ces actes héroïques et ces déchirements. On a même un passage marrant et inédit quand Drem se la joue « Maman j’ai raté l’avion ». C’est l’attachement aux personnages qui rend les combats si prenants, et ce sont ces affrontements épiques qui font qu’on s’attache encore plus aux personnages, l’un ne va pas sans l’autre. Tout marche ensemble pour donner le meilleur de la fantasy épique moderne. Cette histoire nous parle d’amitié et de courage (comme toutes les grandes histoires), mais aborde encore une fois les questions de perspectives, les valeurs morales qui dépendent du point de vue que l’on adopte, et toutes les zones de gris entre le bien et le mal. On regrettera peut-être que ce tome 1 ait un arrière-goût d’introduction, malgré toutes ses qualités on arrive à la dernière page et on se dit que ce n’était que le prologue, la mise en place des enjeux, et que tout reste encore à découvrir. Je me félicite d’avoir le tome 2 à côté mais j’ai peur de le lire et d’avoir ensuite un an à attendre pour le final. Ah, mon impatience me perdra.
Quel plaisir de replonger dans cet univers si enthousiasmant tout en découvrant de nouveaux héros, aussi attachants et cools que ceux qu’on a suivis dans The faithful and the fallen. En lisant A time of dread, on sait où on va tant tout nous semble familier si on a lu la première série de Gwynne, mais il y a assez de cœur et de mystères pour éveiller la curiosité. J’en veux encore, j’adore ça.
Je n’ai toujours pas lu le T2 de la série précédente.
Et en fait je crois que pour l’instant je vais en rester la, il fait parti des livres qui sont dans la balance vu que mon rythme a bien ralentit ces derniers mois (et donc que je me focalise sur les séries que j’apprécie le plus, contrairement à avant ou je continuais même si le début ne m’avait pas forcement enchanté, histoire de donner une seconde chance si l’univers avait du potentiel).
C’est dommage mais de toute façon il est dans ma PAL donc je pourrais toujours changer d’avis un jour si j’ai envie !
En tout cas je vois tout à fait ce dont tu veux parler en disant que ce livre est à la fois familier et nouveau. C’est un sentiment que j’apprécie beaucoup en général et qui me fait poursuivre de nombreux spin off de séries que j’avais apprécié.
En espérant que la suite soit aussi bien pour toi 🙂
J’me fais pas de souci pour la suite, c’est pile ma came, mais je comprends que tu sois (un poil) moins emballée, chacun ses styles de prédilection 😉
quand je vois la taille des bouquins, je recule toujours la lecture alors qu’ils sont dans ma PAL…. Et chauqe fois ton enthousiasme et ta superbe critique me dit que je manque un truc!!!!
Oui, tu manques un truc, mais la taille compte pas, j’ai pas vu les pages défiler 🙂
me voilà rassurée!!! 🙂
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