Après une overdose massive de BD, ma bibliothèque a maigri grâce à un régime « Le bon coin ». Trop de séries à rallonge qui perdent leur intérêt, trop de nouveautés pas terribles, trop de livres pas ouvert depuis 10 ans qui m’emmerdent à chaque déménagement. Résultat ? On ne garde que les séries phares, les valeurs sûres et les bouquins qui sont de vraies œuvres d’art : Universal War One, Servitude, Long John Silver, Blacksad (sauf le dernier qu’est tout pourri), Siegfried, Les quatre de Baker Street, etc…
Dans ce panthéon de survivors all-star, Jazz Maynard tient sa place fièrement avec sa trilogie barcelonaise de 4 tomes (cherchez pas…). Avec Raule au scénario et Roger au dessin, la BD espagnole excelle par son histoire à base de gangsters classes et de boites de jazz, servie par un graphisme magnifique à l’identité marquée. Après 5 ans d’attente, voici débarqué ce tome 5 qui démarre donc un nouvel arc narratif, et cette fois-ci notre héros s’envole pour l’Islande en compagnie de son pote Teo pour dérober une pièce archéologique fort convoitée. Évidemment, rien ne se passera simplement puisqu’ils croiseront des Vikings d’extrême droite, des services secrets iraniens, ainsi que des vieux souvenirs personnels qui ressurgissent.
Vous constaterez sur la preview disponible ici que la BD n’a rien perdu de sa classe visuelle, on retrouve le style particulier du dessinateur, sa capacité à créer des « gueules » pour ses personnages. Les planches sont très fluides et les cadrages magnifiques, y’a une maitrise de la narration visuelle hallucinante là-dedans. Les couleurs sobres, presque des aplats monochromes, alliées à un encrage très marqué apportent au livre une ambiance et une patte uniques. Bon, Grosso merdo c’est comme tous les tomes d’avant, ça défonce la rétine, point.
Puis on a l’histoire qui lie tout ça, on va suivre le tandem Jazz/Teo dans un nouveau job qui va mettre leur amitié et leur confiance mutuelle à l’épreuve. La BD se présente comme un petit puzzle qu’on reconstituera au fur et à mesure en découvrant toutes les forces en présence, « l’œil doré » que le duo doit voler est le centre d’attention de tout un tas de monde et, même si on voit pas encore très bien toutes les ramifications de l’embrouille, le scénario est clair et embarque le lecteur sans jamais le perdre en route. Même les quelques flashbacks qui replongent jazz dans sa jeunesse sont très bien intégrés et nous en apprennent un peu plus sur notre trompettiste.
On regrettera seulement le gros cliché « Viking Nazi » traité un peu à la truelle. Une histoire se passant dans les pays frisquets au nord de chez nous ne peut-elle jamais se passer des éternels néo-nazis scandinaves ? Au-delà de ce simple constat, c’est vraiment le côté mono-dimension du suprémaciste blanc dont le discours est « je hais les étrangers impurs qui envahissent mon pays » qui déçoit. J’aurais aimé un truc un peu plus subtil ou un peu plus original, un peu d’ambiguïté ou d’épaisseur sur ce pan de l’aventure. On attendra bien sûr la suite de cet arc (qu’on espère voir avant 2022…) pour juger de toute la profondeur des personnages, mais ça m’a laissé un peu sur ma faim.
Malgré ce détail, ce cinquième tome de Jazz Maynard est un polar solide qui ne décevra certainement pas les lecteurs de la série, et si vous ne connaissez pas, je ne peux que vous conseiller de lire les 5 tomes qui la composent. Le premier adjectif qui vient en tête lorsqu’on pense à Jazz Maynard c’est « classe », et ça veut tout dire.
Lire aussi l’avis de : S. Salin (bdgest), Berthold (sceneario.com)
Je reviens ici avec beaucoup de retard, mais je suis complètement passé à côté de cette série ! Aucune idée du pourquoi ou du comment, mais comme tu la vantes, il faut que j’y regarde à deux fois…
Tu le dois