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The Witcher 3, la plume plus forte que l’épée

Oui, je suis de ceux qui ont détesté The Witcher 2, avec son histoire nulle à chier, sa maniabilité qui donne l’impression de se battre avec un camion poubelle plutôt qu’un expert de la découpe, ses dialogues écrits par un ado qui tapent très souvent au-dessous de la ceinture, ses quêtes « toutou-va-chercher »… Non, je modère pas mon avis, c’est pas le style de la maison et j’ai vraiment passé un mauvais moment, et franchement j’ai eu un peu peur en commandant le nouvel épisode, mais vous devez commencer à me connaitre, j’ai quand même acheté celui-ci, bravant la petite voix de la raison qui me répétait que j’allais encore m’énerver dessus.

Et en fait pas trop, pourtant ce « Wild Hunt » garde pas mal des défauts de jouabilité de son ainé mais les atténue tous un petit peu, on ne dirige plus un camion benne mais plutôt un petit utilitaire, ou une Espace si vous voulez, mieux mais encore un peu lourdaud. On continue à nous bourrer l’inventaire de plein de merdes mais on a rendu le crafting un poil plus facile à gérer. Les combats assez bourrins sont parfois super-confus surtout en espace confiné mais ils sont quand même un peu plus réactifs et dynamiques. Ajoutez à ça quelques frustrations nouvelles, comme des gardes qui nous sautent dessus pour nous trucider dès qu’on ramasse une pomme qui était posée sur une cagette, ou une icône d’interaction qui met 5-10 secondes à apparaitre quand on arrive près d’un PNJ en courant (sur PS4)…

Vous l’aurez compris, ils ont repris la même chose dans les grandes lignes mais en les améliorant… un peu… Le jeu est loin d’être parfait mais le gameplay est un peu moins insupportable que « Assassins of kings » et ajoute même un aspect Open-World qui aurait pu être bien casse-gueule mais se révèle être une de ses forces, la carte est immense et on prend grand plaisir à la parcourir, à découvrir de nouvelles régions et traverser ses forêts. Pour ne rien gâcher, le jeu est très beau, la direction artistique est moins terne que l’opus précédent et les paysages sont magnifiques, les effets météo et les jeux de lumière m’ont fait scotcher une paire de fois, je me suis arrêté assez souvent juste pour regarder le paysage, une tempête ou un lever de soleil, chose qui m’arrive rarement.

Mais ce qui donne à cet épisode tout son intérêt et qui le propulse très (très très) loin au dessus de ses prédécesseurs, c’est son écriture et sa cohérence vraiment travaillées. C’est étonnant de voir deux séries majeures (avec Dragon Age) sortir leur troisième opus à 6 mois d’intervalle et parvenir toutes les deux à maitriser enfin une narration en monde ouvert à ce point, ça donne vraiment envie de voir ce que deviendra le prochain Mass Effect !

Ici nous jouons encore une fois Geralt de Riv, sorceleur itinérant, pourfendeur de monstre, cueilleur de pissenlit professionnel et paria dans à peu près tous les villages du monde. Notre héros cherche cette fois-ci sa fille adoptive, Ciri, qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années et qui est manifestement traquée par une troupe de cavaliers légendaire, la Chasse Sauvage. Nous allons ainsi parcourir un monde en guerre pour suivre la trace de la jeune femme, reconstituant son parcours petit à petit. Le jeu retrouve une des forces du tout premier épisode : un aspect enquête intéressant qui prend le pas sur l’action et nous fait résoudre des mystères pour recoller les morceaux du puzzle géant.

Dans cette aventure, nous allons recroiser pas mal de personnages connus qui participent à construire la cohérence de l’univers et font le pont entre tous les épisodes. On retrouve avec plaisir Jasquier, Zoltan, leurs copains, et les sorcières toujours aussi casse-couilles. C’est d’ailleurs impressionnant, pourquoi les conquêtes de Geralt sont toujours des femmes très belles mais très énervantes ? Bref… Nous allons également faire connaissance avec la fameuse Ciri, qu’on pourra même incarner de temps en temps. La relation entre elle et notre sorceleur est une des plus belles réussites de l’écriture de The Witcher 3, on apprend vraiment à la connaitre au fur et à mesure et à vouloir la protéger.

Les relations entre tous ces personnages passent par des dialogues excellents, écrits avec soin et talent, diamétralement opposés à l’écriture souvent consternante du second jeu de la série. Comme quoi, quand c’est un adulte qui écrit le scénario et pas un adolescent qui essaye de caser autant de grossièretés que possible, ça va tout de suite beaucoup mieux ! Et le rendu des personnages est également excellent, chacun a une personnalité qui en impose et le « jeu d’acteur » subtil et réussi au niveau des visages leur donne une réelle épaisseur. On a également moins l’impression que le jeu veut vous faire coucher avec tous personnage possédant des seins, les relations amoureuses de Geralt demanderont un peu plus de travail que « salut, on baise ? », diminuant l’aspect racoleur du jeu de carte à collectionner qu’on gagnait en couchant avec les femmes dans le premier épisode.

Mais la réussite majeure du jeu est de proposer des quêtes secondaires toujours passionnantes et bien écrites. Quand on se lance dans l’une d’elle on n’a pas l’impression de dériver complètement de l’histoire pour se promener et faire n’importe quoi, chacune garde un intérêt et s’inscrit parfaitement dans la succession des évènements, construisant un univers complet et intéressant. Pour la première fois, un jeu de la série m’a donné envie de lire les bouquins pour en savoir plus sur ce monde, on sent que le jeu ne nous en donne qu’un petit aperçu et présente une invitation vers tout ce qui se cache derrière.

La seule critique que j’aurai sur la construction de l’aventure concerne la dernière partie, qui renoue avec un des travers de The Witcher 2 en nous envoyant à droite à gauche chercher différents trucs avant d’aller à la fin du jeu : « alors, tu dois aller chercher untel, untel et untel, puis tu iras là récupérer cet objet magique et tu reviens, on t’emmène ensuite là-bas et tu chercheras ce gars pour… », on a l’impression d’être un serviteur qui fait les courses pour une recette de cuisine. Ça n’arrive heureusement que rarement mais à cause de ça j’ai trouvé le dernier chapitre long et poussif, j’avais seulement envie d’aller tataner le gros méchant et le jeu me balade pendant des heures et me fait tourner en rond.

The Witcher 3 est tout de même une grande réussite malgré un gameplay qui manque toujours de finition et reste très « rugueux », la narration et la construction de l’aventure en font une histoire passionnante à suivre, un univers qu’on a envie de découvrir et d’approfondir encore. Entre Dragon Age, Pillars of Eternity et The Witcher 3, les fans de RPGs sont gâtés en ce moment, et on a hâte de voir les prochaines productions de ces studios et des autres.

The Witcher en galère par Pierre
The Witcher en galère par Pierre

Lire aussi l’avis de : ExServ (Gamekult), Yann François (Chro)

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Cet article a 8 commentaires

  1. Tigger Lilly

    Voilà qui me rassure de constater que je ne suis pas la seule à avoir rencontré des problèmes de maniabilités avec The Witcher 2. Quant à l’histoire même si je la trouve plaisante, je la trouve bien moins prenante que le 1er, qui était plus personnelle. Bref, je n’arrive pas à m’y remettre après une très longue pause, je vais laisser tomber. C’est une bonne nouvelle que le 3 soit si bien (mais je vais attendre que les prix diminuent :D)

    1. JP

      J’avais beaucoup aimé le premier jusqu’à un certain moment, toute la première partie était cool en mode enquête. Mais vers la moitié du jeu ou un peu plus, tout part en vrille et tout le monde se bat, et là j’ai pas aimé.

      Bon, après mon disque dur a grillé et j’ai perdu ma sauvegarde donc j’ai jamais vu la fin 😀

  2. Ponce-Le-Manant

    Jolie critique que je partage… J’ai apprécié les livres de Sapkowski en son temps et la trilogie retranscrit bien le genre médiéval-crade qui sort du médiéval-fantastique (gentil / pas gentil) habituel type Oblivion…
    Après, c’est vrai que qu’on aimerait parfois aller plus en profondeur dans l’histoire des personnage et éviter les « quètes » traditionnelle « va-chercher-l’épée-de-machin-dans-la-grotte-truc »…
    Curieux de voir l’extension qui doit sortir ce printemps (ou cet été)…

    1. L'ours inculte

      Merci beaucoup.

      Il faut encore que j’essaye les bouquins de Sapkowski, j’ai le tout premier tome qui attend sur ma liseuse d’ailleurs 🙂

  3. Boudicca

    Je n’ai pas eu l’occasion de jouer aux deux précédents mais j’aime beaucoup celui-ci 🙂 J’hésitais à me lancer dans le 2, pensant que le jeu serait du même acabit, mais tu m’en as dissuadé ^^

    1. L'ours inculte

      Non, le deux est vraiment moins bon, ils ont fait d’énormes progrés depuis. Mais il doit pas être bien cher si tu veux tester quand même, il a plu a beaucoup de monde, c’est juste moi qui ai trouvé l’histoire un peu ridicule… et le gameplay relou…

  4. Obb

    Comme toi j’avais détesté the witcher 2 et j’avais prévu de mettre cette saga a la poubelle. Mais depuis je me suis réintéressé à ces jeux et les éloges sur le 3 me mettent l’eau à la bouche. Allez, un de plus sur mon compte steam, si les défauts d’écriture sont en partir corrigés…
    Je vais aussi aller faire un tour du côté des bouquins, je suis un bon amateur de dark fantasy style Cook ou Abercrombie et un univers med-fan, même classique bien décrit et bien amené me tente toujours bien !
    Belle chronique au passage ! 🙂