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Revival, Orage au désespoir

Stephen king est un écrivain né dans le Maine en 1947, et auteur de romans comme… Oui bon, OK, vous connaissez tous le bonhomme, j’ai compris. On va tout de suite se pencher sur Revival, son bouquin sorti en 2014 et récemment paru en popoche.

On y suit le jeune Jamie Morton de son enfance à plus de la cinquantaine, couvrant une période des années 60 jusqu’à notre époque, à travers son premier amour, sa carrière de musicien drogué, ses rencontres diverses. L’histoire de Jamie est étroitement liée à sa rencontre avec le pasteur Charles Jacobs, passionné par les phénomènes électriques. Leurs trajectoires vont se croiser périodiquement sur toutes ces périodes, ponctuées de drames et de miracles, de conflits et de confiance. Petit à petit, Jacobs va aller de plus en plus loin dans ses petites expériences à la poursuite d’un but mystérieux, avec des cobayes pas toujours très volontaires, et Jamie aura un rôle à jouer dans tout ça, bien malgré lui souvent. Ce prédicateur/savant fou est une des réussites de l’histoire, l’homme est mystérieux, complexe et insaisissable, habité par son obsession mais reste doux et attentionné en apparence.

King repart sur des schémas assez classiques dans sa bibliographie. Comme beaucoup de ses bouquins, on retrouve une enfance dans le Maine des années 60 qui font ressortir une certaine nostalgie, une famille normale d’un milieu rural modeste, quelques personnages typiques et un élément perturbateur issu de la vie de tous les jours (ici un pasteur). Old-school donc, mais le talent de l’auteur n’est plus à démontrer donc Revival reste très prenant, surtout grâce des personnages secondaires extrêmement crédibles et attachants. Et cette profusion de détail qui arrivent à ancrer son univers dans le quotidien, et dans l’esprit de ses lecteurs.

Le revival du titre est le cliché bien américain du prédicateur qui guérit ses ouailles grâce à des miracles, sous une tente, armé d’un micro à haranguer une foule de croyants qui crient des Alléluia à chaque fin de phrase. Dans ce contexte, évidemment Stephen King parle de la foi et de la crédulité d’une manière assez directe. La thématique favorite de l’écrivain reste quand même l’humain, l’individu face à la foule, les trajectoires de vie chaotiques, hasardeuses. Ce roman fait écho à plusieurs reprises à un livre précédent de l’auteur, Joyland, quelques clins d’œil feront sourire les lecteurs même si ce n’est pas du tout indispensable de l’avoir lu avant. Il rapproche à dessein ces pratiques religieuses avec un phénomène de foire, et il prend pas de gants de ce côté-là.

La quatrième de couverture balance un peu la surprise par la fenêtre (dommage, ça devient une habitude), mais le roman se transforme petit à petit en hommage appuyé aux grands auteurs classiques du fantastique, du XIXe et XXe siècle. Révéler trop de noms gâcherait peut-être le plaisir de lecture, mais la fin part bien en sucette sous forme de grosse référence bien fat à un certain auteur que les amateurs du genre verront venir. C’est surprenant chez King, on s’attendait presque à y voir surgir des casseurs de rayons et des pistoleros mais non, le propos est tout autre. Et le titre revêt alors une seconde signification, le revival d’un certain fantastique que beaucoup prennent pour modèle mais qui finit toujours par faire copie plus que référence. Pas ici pourtant, car le King sait digérer une référence et lui donner du corps, garder un hommage tout en l’intégrant à son style.

Le roman n’est pas sans défaut, cette trame éparpillée dans le temps rend la lecture un peu bordélique parfois, on sait que l’auteur à une écriture très instinctive et que ça dessert souvent ses fins de romans. Bizarrement ici, c’est plus le milieu du livre qui faiblit un peu en sautant d’une époque à la suivante mais on arrive à un final qui se focalise bien, certainement parce que l’auteur avait cette destination sous le chapeau depuis le début. C’est le propos du roman après tout.

Malgré une structure un peu trop freestyle, Revival est une lecture plaisante, un roman fantastique à la fois classique pour du Stephen King mais qui se lit tout seul, et avec un petit twist qui lui donne une saveur particulière qui lui sera propre.

Lire aussi l’avis de : Claude Ecken (Bifrost), Lune (un papillon dans la lune), Smadj (C’est contagieux), Nébal (Welcome to nebalia),

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Cet article a 2 commentaires

  1. Lutin82

    Cool, heureuse que tu le trouves savoureux, je compte le lire un de ces jours!