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Le cinquième témoin, Justice aveugle

 Après une lecture décevante, rien de mieux que revenir à une valeur sûre, un truc familier qui nous balance direct en terrain connu, un petit Michael Connelly par exemple. Efficace et rarement décevant, c’est un des derniers auteurs de policiers que je suis avec assiduité. Le cinquième témoin, le livre dont nous allons parler (enfin, moi je vais en parler, vous je sais pas, vous faites comme vous voulez…), n’est pas une enquête du célèbre Harry Bosch mais l’histoire d’un procès pour meurtre.

On retrouve avec grand plaisir Mickey Haller, l’avocat bad-ass et roublard qu’on avait déjà suivi dans plusieurs romans (La défense Lincoln, Le verdict du plomb, Volte-face,…) et incarné au cinéma par le très bon Matthew McConaughey. Mick s’est rangé pépère en défendant les victimes de saisies immobilières abusives, secteur en plein boom dans les États-Unis post-crise des subprimes, et les affaires roulent, il enchaine les dossiers pas trop difficiles et gagne pas mal de blé. Jusqu’au jour où une de ses clientes, Lisa Trammel, est accusée du meurtre d’un dirigeant de la banque qui essayait de lui prendre sa maison. Voilà le début d’une enquête incertaine et d’un procès qui va beaucoup attirer l’attention.

Comme dans les aventures d’Harry Bosch, les livres mettant en scène l’avocat à la Lincoln impressionnent par leur précision technique, Connelly décortique le système judiciaire, les techniques des avocats et les mécanismes du procès avec un soucis du détail et des procédures au millimètre. Pourtant il n’est jamais barbant, le roman se déroule en grande partie dans la salle de tribunal, les rebondissements tiennent le lecteur en haleine d’un bout à l’autre de l’histoire. Une des spécificités des aventures de Haller est que le héros ne sait jamais si son client est coupable, il s’en détache complètement et considère que le savoir ne lui servirait à rien, son travail est de défendre son client et il doit le faire quelque soit la vérité… Mais toi, lecteur, la question va évidemment trainer dans ta tête pendant toute la lecture ! Quels fourbes ces écrivains…

C’est précisément ce qui rend Le cinquième témoin très prenant, les deux camps se livrent une guerre juridique tactique pleine de coups bas et de pièges, mais on ne sait jamais qui détient la vérité. On est loin des histoires d’avocats qui défendent la veuve et l’orphelin contre les grands puissants de ce monde (Connelly est l’anti-Grisham quoi…), l’auteur nous livre une vision froide et sans pathos du système judiciaire américain et ça fait du bien. On assiste aussi aux interventions extérieures qui essayent de faire pression sur l’issue du procès, comme les médias ou la famille de l’accusée, et le rôle de l’avocat sera autant de défendre Lisa Tremmell que de la contrôler, pas si facile quand on sait que la femme aime bien en faire des tonnes devant la caméra depuis qu’elle milite contre les saisies immobilières.

Mais si l’univers des tribunaux apparait comme froid, le livre nous tient grâce à ses personnages extrêmement bien écrits et attachants. On a toujours l’excellent Mickey, cérébral, calculateur et charismatique, mais on retrouve quelques vieux camarades comme Cisco, le biker/enquêteur/gros bourrin de l’équipe ainsi que Lorna qui travaille toujours avec eux. Connelly aime bien faire vivre ses héros au milieu de leur entourage auquel on s’attache, qu’on prend plaisir à retrouver, et qui participe autant à son univers que la ville de Los Angeles elle-même. On fait même la connaissance d’un nouveau membre du clan qui va se faire sa petite place, une jeune diplômée engagée en sortie d’école qui fera preuve de caractère et d’assurance.

Le cinquième témoin est donc, encore une fois, un Connelly extrêmement prenant et bien écrit, à la mécanique précise. Ça va devenir lourd si à chaque critique de cet auteur j’arrive à la même conclusion, ça serait sympa qu’il écrive un truc pourri, sinon ça servira plus à rien que j’écrive des articles sur ses livres vu qu’il a toujours les mêmes qualités…

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Cet article a 4 commentaires

  1. Emelina P

    Je ne crois pas avoir lu de Connelly *shame*. Pourtant, j’avais adoré la défense Lincoln (le film) et j’aime bien les histoires juridiques en général. Je note…

    1. JP

      Ah c’est un incontournable du polar moderne, à ne pas louper (mais t’as du boulot, il est productif le bougre)

  2. Janeeyre

    Pareil que le commentaire précédent, j’avoue ne jamais en avoir lu alors que finalement le thème du polar judiciaire m’attire toujours (étant juriste, j’ai un intérêt tout naturel pour la chose, ét j’aime beaucoup regarder les différences entre le système americain et francais, pour ca la serie New-York police judiciaire est top, si tu aimes!)! Avec quel roman faut-il commencer? Ahhhh tant de choses à lire et si peu de temps…

    1. JP

      Si tu veux t’en tenir à la partie Mickey Haller de l’univers Connelly, le pendant judiciaire donc, tu peux commencer par La défense Lincoln (ou regarder le film). Suivent Le verdict du plomb, Volte-face, et le cinquième témoin.

      Après si le policier en général t’intéresse, tu as tous ses autres bouquins et là y’a du boulot ! Sa série principale est celle de l’inspecteur Harry Bosch, et t’as une vingtaine de romans, le premier étant « les égouts de los angeles ». Bosch est aussi une série produite par Amazon dont la saison 1 est finie aux USA mais pas encore parue officiellement chez nous.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Connelly