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Silas Corey, le testament Zarkoff

 La BD Silas Corey m’avait déjà bien surpris avec son premier arc Le Réseau Aquila (voir mon avis par ici), le troisième volume de la série est sorti en 2015 mais j’ai été sage, j’ai attendu la parution du suivant pour le lire. Chaque histoire se passant sur deux tomes, j’avais plutôt pas envie de m’arrêter au milieu du diptyque et attendre un an comme un couillon…

Silascorey3Mais le voici enfin le bougre ! J’ai pu acheter les deux albums constituant Le Testament Zarkoff et le lire tout d’un coup et c’est toujours aussi cool ! Pour rappel, Silas Corey est un détective sans peur et sans scrupule dans la France du début du XXe siècle, il travaille avec son sidekick asiatique Nam et ne s’encombre pas souvent de morale, tant que le boulot paye. Au début de notre nouvelle histoire, on est le 11 Novembre 1918, tout le monde à Paris fête l’armistice, cotillons, drapeaux Français et tout le bazar. Enfin, pas tout à fait tout le monde puisqu’Albert Percochet a la mauvaise idée de se faire assassiner et vient agoniser chez sa vieille connaissance Silas Corey.

Le détective, avec tact et considération, va faire les poches du cadavre pour découvrir que ce dernier travaillait pour Madame Zarkoff, vieille bique mourante que notre héros connait bien et qui est à la tête d’un empire du crime à l’échelle internationale. Poussé par l’appât du gain, Silas décolle pour s’incruster dans cette histoire et traquer le seul héritier de l’empire Zarkoff qui s’est fait beaucoup d’ennemis sans le savoir. On va suivre notre héros infiltré dans une Allemagne déchirée par la défaite, où la haine du voisin commence déjà à se pointer.

Encore une fois, Fabien Nury fait des merveilles au scénario, le background historique est clairement exposé et passionnant, ni trop léger ni trop indigeste. Cette virée sombre en Allemagne d’après-guerre, terreau providentiel pour un fascisme naissant, est un cadre très intéressant (et flippant quand même). Par-dessus ça on découvre une histoire de succession où différents partis veulent leur part du butin. Silas traverse cette Bavière détruite et doit se démener pour ramener l’héritier Zarkoff en vie, mais la BD nous réserve quelques petites surprises bien senties pour pimenter l’aventure.

silascorey4Silas Corey a un rythme très soutenu, derrière ce cadre historique passionnant on a une BD d’aventure et d’action maitrisée qui file à un train d’enfer, ça se castagne, ça se tire dessus, ça cavale. C’est peut-être ce croisement improbable entre un Sherlock Holmes survitaminé et un Indiana Jones urbain qui donne toute la saveur à la série. On a un héros charismatique qui n’a pas froid aux yeux mais n’est pas non plus un preux chevalier sur son cheval blanc. Globalement les personnages de la BD ont beaucoup de personnalité et les dialogues sont très bien sentis. Le découpage et les cadrages nerveux appuient le dynamisme avec brio.

Cette excellente histoire est mise en image par les crayons de Pierre Alary, qui a toujours son style épuré et nerveux. On reconnait bien son dessin caractéristique et surtout son encrage tout en finesse, qui passe d’un trait léger à une courbe brute plus appuyée selon les cases et l’action. On sent un graphisme plus vif, plus jeté que dans Belladone, Sinbad ou même le premier arc de Silas Corey, les planches donnent un aspect plus brut à l’ensemble. Ça donne à certaines cases une vraie patate, mais rend plusieurs scènes d’action assez confuses parce que les personnages sont rapidement croqués, il faut faire un effort pour distinguer Silas de son ennemi à la même couleur de cheveux.

Urgence dans les délai ou volonté de dynamisme, on constate cette tendance dans plusieurs bandes dessinées récentes, je sais pas s’il faut s’inquiéter que les dessineux ont la dalle ou se réjouir qu’ils se lâchent selon leur goût, à vous de voir. La couleur est assurée par Bruno Garcia qui fait du très bon boulot, beaucoup de scènes se passant de nuit, il arrive à installer les ambiances et à les varier subtilement selon les lieux tout en gardant une palette homogène et cohérente. C’est sobre et bougrement bien dosé.

 Silas Corey est toujours une excellente BD d’aventure historique dynamique, fun et fouillée à la fois, les quatre tomes de cette série valent vraiment le coup d’œil et ce second arc retrouve toutes les qualités du Réseau Aquila avec un ton plus sombre.

Lire aussi l’avis de : Berthold (sceneario.com), S.Salin (BDGest)

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