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Dragon Age Inquisition, le souffle du dragon

Il fallait bien un Bioware pour accomplir ça, un développeur qui raconte, qui écrit, qui pense ses univers, des gars pour qui histoire et cohérence ne sont pas la dernière roue du carrosse comme beaucoup (trop). « Ça » c’est Dragon Age Inquisition, troisième opus d’une série inégale mais qui a bâti son monde brique par brique, pixel par pixel sans rien laisser au hasard jusqu’à nous livrer leur petit dernier comme une évidence, l’air de rien, comme ça, pouf…

Vous commencez le jeu par construire votre personnage, classique, on choisit son avatar, sa race, sa classe, et on est catapultés au milieu d’une réunion au sommet organisée entre templiers et mages pour les empêcher de s’étriper. Le problème c’est le léger cataclysme qui survient au milieu de la petite sauterie dont vous sortirez seul survivant, avec en souvenir une marque qui crépite tout vert dans la paume de la main. Cette marque vous donne la capacité de refermer les nombreuses « failles » que cette explosion a ouvert entre votre monde et l’immatériel, espace des rêves et des démons. Voilà, maintenant démerdez-vous, vous allez devoir reformer l’ancienne inquisition pour restaurer la paix dans Thedas, trouver qui a provoqué ce bordel, recruter des alliés, explorer des contrées hostiles, déjouer des complots et vous plonger littéralement dans ce monde.

La particularité de l’univers Dragon Age depuis l’épisode « Origins » reste la solidité et la cohérence de son univers. Sous des airs de fantasy occidentale tout ce qu’il y a de plus basique se cache un monde pensé dans ses moindres détails, où la politique et la religion sont réfléchies, profondes et solides. Un des aspects les plus importants est, par exemple, la relation entre mages et templiers dont j’ai parlé plus haut. Dans Dragon Age, les personnes qui se révèlent réceptives à la magie doivent se présenter dans un cercle de mages, lieu où ils seront surveillés par les Templiers qui sont formés pour les encadrer, les combattre et défendre le reste de la population s’ils partent en vrille car tout mage est potentiellement une porte ouverte sur l’immatériel et peut servir aux démons pour passer de notre côté. Être mage est donc à double tranchant, et ceux qui refusent d’être encadrés dans un cercle sont des apostats, des rebelles. Ce que je vous ai présenté ici n’est qu’un échantillon, ça me prendrait 50 pages de tout vous expliquer mais ça vous donne une idée de la complexité des situations qui peuvent en découler, je recommande d’ailleurs la lecture de l’article suivant (en anglais) pour qui voudrait attaquer le troisième épisode directement ou simplement se rafraichir la mémoire.

D’un point de vue du gameplay, Dragon Age présente un mix entre les CRPGs old-school permettant d’utiliser une pause active pour donner des ordres, et un mode plus « action » temps réel où vous ne dirigez que votre personnage et le reste de votre équipe se démerde (plutôt très bien) tout seul. Donc si vous êtes un vieux de la vieille avec un background assaisonné de Baldur’s gate, Icewind Dale et Neverwinter Nights cherchant un challenge velu, collez-vous directement en « difficile » et choisissez la première méthode, si vous voulez de l’action joyeuse et pas vous faire chier avec la stratégie, tapez dans la seconde. Les deux marchent très bien et permettent à tout le monde de s’amuser. Le reste est un gros mélange de tous les éléments classiques du jeu de rôle occidental très bien dosé, on a du loot, du craft, de l’exploration, des PNJs, etc…

Dans la catégorie « innovation » on a quand même le conseil de guerre, qui vous permettra d’envoyer vos conseillers régler différents problèmes pour vous dans tout le pays, et si d’un point de vue gameplay ça reste très limité (on donne des missions et on lit les rapports au bout d’un temps plus ou moins long), ça a un intérêt essentiel dans la compréhension des équilibres de forces et des enjeux politiques, et ça peut parfois vous débloquer des zones ou des missions pour vous et vos copains.

Mais surtout… Cet épisode ajoute un élément presque obligatoire dans un jeu en 2014, surement un truc qui trône sur tous les contrats d’édition AAA de nos jours et que les joueurs réclament en se roulant par terre et remuant très fort les jambes : le monde ouvert ! La libertééééééééééééé (comme dirait William Wallace) ! Si vous suivez mes articles vous savez que j’aime pas du tout ça en général à une ou deux exceptions près, que je trouve les jeux utilisant cette mode toujours déséquilibrés et répétitifs, des fourre-tout sans âme et sans narration. Qu’est-ce qui change ici ? Qu’est-ce qui fait que je m’ennuyais pas en allant explorer la plaine de machin-truc pour libérer le village de bidule ? Simplement ce dont j’ai déjà parlé : Cohérence et écriture. Chaque mission, chaque zone à explorer, chaque élément de background rejoint la quête principale de près ou de loin, participe à l’immersion au lieu de la diluer et crée un tout prenant, vivant et assez fou. Oh, vous avez bien deux trois quêtes sans grand génie à base de « apportez des fleurs sur la tombe de ma femme » mais ça reste très minoritaire.

On a également l’autre touche « Bioware » qui va renforcer le jeu, directement héritée de « Mass Effect » : La relation avec vos compagnons va se développer au fur et à mesure, vous pourrez aller les voir à Fort-Celeste (un peu le Normandy de Thedas) et discuter avec eux des différents évènements, de leur passé, débloquer des quêtes qui leur sont propres, bâtir des relations d’amitié, d’amour, de haine et trahison selon vos choix. Ces choix sont toujours importants et auront un impact sur ce que vous vivez dans votre partie et sur votre immersion. L’écriture est d’ailleurs d’une qualité irréprochable, vos compagnons et tous les personnages en général ont leur caractère bien définit et les doublages sont excellents, même en français. Cette immersion sera également portée par la baffe graphique que constitue le jeu, sur PS4 les différentes régions sont magnifiques, pleines de vies, avec une faune et une flore variées et vivantes, des paysages et des effets de lumière époustouflants, un autre point qui pousse à l’exploration. Seul petit regret : pas de cycle jour/nuit ou de changement météo mais c’est vraiment pour chipoter.

Bon, je sais pas si ça s’est senti mais j’ai vraiment aimé ce jeu, et c’est plutôt rigolo parce que y’a deux mois de ça pratiquement personne n’en parlait dans la presse, il était plutôt traité avec dédain (« On s’en fout, Dragon age 2 est naze », « Rien à péter, y’a The Witcher 3 qui sort derrière »), et avec les notes qu’il s’est tapé on dirait que les gens se rappellent brusquement que Bioware sont pas des amateurs dans leur domaine… Et j’aime pas The Witcher 2 donc ça me fait rire… Dragon Age Inquisition est l’apogée de l’évolution du développeur, cette touche qu’il a créée, enrichie et peaufinée sur ses deux séries phares, et à laquelle il a ajouté une couche supplémentaire en terme d’échelle, de structure et de profondeur. Il s’est imposé comme meilleur jeu de l’année pour beaucoup (dont moi, très loin devant tous les autres) alors que personne n’en attendait grand chose et c’est mérité, largement.

Il fait partie de ces rares jeux qui nous réveillent l’imagination et nous laissent entrevoir tout ce qui pourrait encore être raconté dans cet univers, on pourrait en discuter des heures, et on crève d’envie d’en voir une suite, là, maintenant… A défaut on se retapera bien les deux premiers, juste pour le plaisir.

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Cet article a 2 commentaires

  1. Mr Freeze

    Bonjour

    Comme je suis du genre à acheter les jeux 2 à 3 ans après leur sortie (histoire de faire des économies et permettre à mon ordi de suivre au niveau des performances …), je me suis acheté ce jeux dont le premier opus m’avait vraiment emballé et le 2e m’avait laissé sur ma faim.

    Si les graphismes sont plutôt bons, l’intrigue se tient mais les phases de combats en vision tactique sont à la limite de la catastrophe, si on a le malheur de se battre sous un arbre, dans une grotte ou une pièce un peu bas de plafond, on se retrouve avec une vue tactique à 2 mètres de haut ….

    Sinon, je passe un pas trop mauvais moment, ça m’occupe le soir quand je n’ai pas de repassage. Je suis toujours dans l’attente d’un bon RPG type Baldur’s gate avec 15 ans de développement supplémentaires !

    1. L'ours inculte

      Merci pour cette réaction, côté RPG « à la baldur » il vaudrait mieux se tourner vers Pillars of Eternity ou Divinity Original Sin (ou Tyranny prochainement).

      Dragon Age est plus moderne dans son approche, et propose un aboutissement de la philosophie Bioware, développée à travers Dragon Age et Mass Effect.